NégaWatt : Les clés d’un avenir énergétique soutenable

Posté le 23 novembre 2012 par

Depuis sa création en septembre 2001, l’association négaWatt a fondé toute son action sur une philosophie simple, qui commence par remettre la question énergétique dans le bon sens en partant des usages et non des ressources : c’est de nous chauffer, de nous éclairer ou de nous déplacer dont nous avons besoin, et non d’uranium, de pétrole ou de bois.

Elle s’interroge ensuite sur les moyens les plus soutenables de satisfaire nos besoins de services énergétiques en appliquant une démarche en trois temps :

  • la sobriété, tout d’abord, qui consiste à interroger nos besoins puis agir à travers les comportements individuels et l’organisation collective sur nos différents usages de l’énergie, pour privilégier les plus utiles, restreindre les plus extravagants et supprimer les plus nuisibles ;
  • l’efficacité ensuite, qui consiste à agir, essentiellement par des choix techniques, en remontant de l’utilisation jusqu’à la production, sur la quantité d’énergie nécessaire pour satisfaire un service énergétique donné ;
  • le recours aux énergies renouvelables, enfin, qui permet, pour un besoin de production donné, d’augmenter la part de services énergétiques satisfaite par les énergies les moins polluantes et les plus soutenables. Bien dimensionner notre niveau d’éclairement puis recourir à des luminaires à haute efficacité permet par exemple de diviser par cinq ou davantage la consommation d’électricité correspondante : ce sera d’autant plus facile de produire celle‐ci par des énergies renouvelables. Cet exemple simple est transposable à l’ensemble de nos usages de l’énergie, des plus anecdotiques aux plus structurants.

Les grands secteurs du scénario

  • La rénovation du bâti : une des clés du scénario

Un axe majeur du scénario concerne la rénovation du bâti existant (750 000 logements/ an à l’objectif < 40 kWhep/m².an de besoins de chauffage), parallèlement à une réglementation thermique toujours plus exigeante (niveau passif pour le neuf mais qui ne touche chaque année «que» environ 300 000 logements, soit 1 % du parc). Le secteur du bâtiment représente aujourd’hui 43 % de notre consommation d’énergie finale pour 25 % des émissions de gaz à effet de serre. Cette consommation peut, par une isolation renforcée des bâtiments, être divisé par 4. Ceci aura pour effet secondaire d’apporter un gain de confort pour les usagers. Une action devra aussi être envisagée quant à l’électricité spécifique représentant aujourd’hui pour un ménage, une consommation moyenne de 2900 kWh/an. Il est possible d’arriver à une consommation de 1500 kWh/an en 2050, par l’utilisation d’appareils plus performants et surtout la réduction des gaspillages.

  • Les transports

Les transports dépendent à 90 % du pétrole pour 30 % de notre consommation énergétique (2/3 pour le déplacement des personnes, 1/3 pour les marchandises). Parmi les solutions envisagées : une politique alternative à l’étalement urbain, une diminution de la vitesse maximale autorisée, le télétravail, le covoiturage sont autant d’idées qui visent à réduire de manière structurelle notre consommation énergétique liée aux déplacements.

D’autre part, le développement massif des véhicules électriques en milieu urbain et le recours aux voitures aux gaz (d’origine renouvelable) ainsi que le développement des transports en commun, pourront permettre une réduction drastique de notre dépendance au pétrole. Une consommation marginale de cette énergie sera réservée pour les usagers résidant en milieu excentré où aucune autre solution ne pourra être envisagée.

Cette logique doit bien sûr s’appliquer aussi aux transports de marchandises, avec là aussi une évolution structurelle par une relocalisation des moyens de production.

  • La mutation de l’industrie

Le scénario s’interroge sur les besoins réels en prévoyant l’instauration de principes de «réparabilité» et de recyclabilité, une diminution importante des emballages et la fin de l’ «obsolescence programmée». La relocalisation de la production, le développement de la cogénération et de récupération de chaleur, le recyclage des matériaux, font partie des conditions impératives du scénario.

  • Le secteur agricole

L’alimentation représente 30 % de nos émissions de GES. Or, le secteur agricole de par son effet structurant du territoire et de nos modes de consommation est un levier d’action important en terme d’économies d’énergies, de diminution de GES et de production d’énergies en s’appuyant sur le scénario afterres 2050 *.

Celui-ci prévoit une division par deux des cheptels et une division par cinq de l’élevage intensif. Les modes de production agricole s’orientent plus largement vers le développement de l’agriculture biologique d’une part et de la production dite « intégrée» d’autre part, qui consistent à appliquer des techniques culturales respectueuses des équilibres écologiques.

*Plus d'informations sur le scénario Afterres 2050 sur le site de Solagro

Le recours aux énergies renouvelables : un foisonnement de production

  • Pour le chauffage

Le solaire thermique à l’horizon 2050, quasi inexistant aujourd’hui, est fortement mobilisé, tandis que le recours à la biomasse, dont le bois énergie (développement de l’agroforesterie, récupération plus systématique des déchets de bois…) couvrirait 45% des besoins en énergie primaire sans toucher au capital forestier.

La production de gaz renouvelable (méthanisation et gazéification de biomasse) compléterait la production en utilisant la méthanation* comme variable d’ajustement entre la production de chaleur et l’équilibrage de la production électrique. La coordination des réseaux, clef de voûte du scénario, permettra de contrebalancer intégralement les fluctuations des sources variables d’électricité renouvelable, tout en produisant du méthane synthétique pouvant alimenter un réseau local.

  • Pour la production d’électricité

Les énergies renouvelables étant des énergies de flux produisent de manière intermittente. La stratégie pour couvrir les besoins en continu est la suivante :

  • Abandon du chauffage électrique direct
  • Régulation de la consommation aux périodes de pointe.
  • Recours au réseau intelligent dit «smart grid».
  • Décentralisation des productions permettant une approche territoriale de l’énergie.
  • Déploiement de la méthanation
  • Développement des énergies renouvelables : multiplication par 4 de l’éolien terrestre et développement de l’éolien offshore, croissance du solaire photovoltaïque, principalement sur du bâti existant (65 % de la puissance avec moins de 5 % de la surface des toitures françaises) et au sol sur des terrains sans enjeux agricoles ou environnementaux ; l’hydroélectricité, compte tenu du niveau déjà important de production, resterait globalement à son niveau actuel.

Recours marginal aux énergies fossiles et abandon progressif et raisonné du nucléaire

Avec cette montée en puissance des EnR (plus de 90% pour la chaleur et 100 % pour l’électricité en 2050) :

  • Les énergies «fossiles» sont limitées à leur utilisation dans la pétrochimie et pour certains procédés industriels et matières premières dans la sidérurgie,
  • La fermeture des réacteurs (entre leur 3ième et 4ième année de fonctionnement) peut être envisagée sans les remplacer. Le développement des alternatives doit être d’un niveau suffisant d’ici 15 ans pour ne pas se trouver face au «mur» après 40 ans de monopole nucléaire. Au vu d’une analyse multicontraintes (efforts sur la consommation, développement des renouvelables, vieillissement du parc), le dernier réacteur pourrait être fermé entre 2030 et 2035.

Vers un bilan 100% soutenable en énergie primaire

Le scénario négaWatt démontre la faisabilité d’une transition vers un système énergétique fondé sur les énergies de flux. Selon le scénario, la société française consommera à l’horizon 2050 environ 1 800 TWh d’énergie primaire de moins qu’aujourd’hui, soit une réduction de près des deux tiers. Ce changement s’accompagne d’un rendement très accru du système, ce que traduit le passage du ratio entre énergie finale et énergie primaire de 65 % à près de 87 %. Ces résultats sont notamment obtenus par une révolution dans la gestion des « vecteurs énergétiques », au premier rang desquels l’électricité et le gaz, jouant sur la diversité de leurs sources et de leurs usages, ainsi que sur la complémentarité opérationnelle de leurs réseaux.

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www.negawatt.org

Source : lettre de l’ASDER de janvier 2012 – manifeste Négawatt – dossier de présentation du scénario

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